« Estrangier » vers 1120, dérive de l'étrange, lui-même issu du latin populaire «extraneus» signifiant ce qui est « du dehors, extérieur, qui n'est pas de la famille, du pays. »
Ce mot fut d'ailleurs employé dès 1050 et jusqu'au XIXe siècle dans le sens «d'étranger».
L'on évoquait en ce temps là les « terres étranges » et chacun s'entretenait à propos des « nations étranges », c'est-à-dire de toutes choses ne correspondant pas à ce que nous avions l'habitude de voir, d'entendre, et par un reflexe intrinsèque à tout individu, ce qui ne releva pas du domaine du familier tomba nécessairement et inéluctablement dans celui de l'étrange, de « l'estrangier ».
Pour cette raison, toute personne n'appartenant pas à une même famille pouvait être considérée comme.étrange. Le voisin par exemple, sinon la famille d'en face, le village d'à côté, et cetera. Mais, vers 1165, ce même terme signifia par ailleurs le sens de «hors du commun, extraordinaire», définissant par là une chose sortant de l'ordre, de l'ordinaire, du commun et de l'habituel.
Utilisé en adjectif il devint l'équivalent de «l'épouvantable». L'étrange prit alors les traits de l'épouvante.
Mais l'étrange est partout, Clément Marot nous le laisse entendre lorsqu'il « aperçoit bien qu'amour est de nature étrange, difficile à connaître et facile à sentir. »
Etrange, étranger, étrangeté,
« on s'apprivoise à toute étrangeté par l'usage et le temps » nous dit Montaigne ; fréquentation de l'étrange où ce qui est apprivoisé est nul autre que soi.
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